Mi(s)ScellaneaCorine

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Je lève mon jour au ver !

Je commence ce jour et déroge à la dignité des devoirs du silence lors d’une fermeture, mais j’ai été trop frappée par ma très brève, mais intense écoute d’une émission ce 09/07/19 pour n’en rien dire.  

 

Il était question d’un livre sur les vers de terre. J’ignore la date de sa sortie, je l'apprends juste. J’ai failli changer de poste, par répulsion. Bien m’en a pris de n’en rien faire. C’était passionnant, le livre ne peut que l’être.

En cherchant sur le Net, je pense qu’il s’agit d’"Eloge du ver de terre. Notre futur dépend de son avenir", de Christophe Gatineau.

 

Maintenant que j’ai cité le sujet et le nom, rien ne m’empêche de le cuisiner un peu (c’est abstrait. Malgré mon respect pour des cultures différentes, je ne pourrai jamais avaler ce genre d’animal).  

 

 

Peu porté sur le sport, le ver court cependant... un grand danger. Le ver est une des nombreuses espèces du 21ème siècle menacées de disparition par les engrais chimiques et des pesticides, donc par l'homme, une fois de plus.

 

De lui, dépend la qualité des sols qu'il fertilise, aère, déplace. Le ver est donc écologiquement déterminant.

 

Nous nous flattons d'être des êtres secourables, mais nous sommes-nous jamais préoccupés de la vie et de la mort d'un ver de terre ? De sa raison d’être ? De se lever sans patte chaque matin sans queue ni tête ? De sa solitude cachée ? De la limitation de ses ambitions, de son parcours, de ses loisirs ?

Avons-nous jamais étudié, avant d'évacuer dédaigneusement les turricules de ce lombric, ce que représente pour son genre cette planète qu’il fait grouiller de son travail sans compter ses heures ? Sans se plaindre des conditions de travail, à l'ombre dans l’humidité, sous le foin ? Dans le bois ?

Vous en êtes-vous souciés ? Non ? Moi non plus.

Nous avons d'autant moins à nous plaindre de lui que, humble sous nos climats, il est de taille raisonnable.

 

Bien qu'en étant privé, le ver participe aux divertissements. Combien de pêcheurs rentreraient chez eux bredouilles sans l'appât qu'il est ? (cruels et ingrats que nous sommes) 

 

Il est journellement question, à raison, d'espèces menacées. Mais qu'en est-il de notre ami ? La biodiversité ne dépend pas de notre sélection, elle ne doit pas.

J’ai entamé mon mea culpa, encore que nous n’ayons pas été mis en contact lui et moi, depuis quelques années. Je n’ai jamais eu un geste de sympathie ni de reconnaissance envers un ver. Je ne les tue pas, je crie et cours, au mieux je les déplace (rarissime).

Le ver n’est pas aimé.

On peut se prendre à supputer que la seule chance qu'il possède est qu'il ignore ne pas en avoir. Quoique, à bien y réfléchir, ne dis-je pas de bêtise ? Est-il si peu instruit de son infortune ? Car vous ne verrez jamais un ver au casino. Pourquoi ? Après tout ?

Est-il si ignorant que c’est un lieu trop propre, trop passant, pour que son sort n'y soit pas très promptement tranché ?

Alors pourquoi ne lui prendrait-il pas l’envie, comme ça, un soir sobre ou de cuite, de tenter le tout pour le tout ? Nous, on sait bien qu'il se perdrait dans une roulette, finirait fracassé par un dé, ou sous un pied, ou étranglé par un levier tandis que tourneraient les rouleaux d'une machine à sous. Voire écrabouillé dans un sandwich où il se serait glissé, gourmand. Mais lui, que sent-il dans sa cervelle nerveuse ?

Agonisant entre 3 tomates, 1 feuille de salade, broyé par 2 molaires, bafoué par des cris surpris et outrés, le ver n'en serait pas plus susceptible (il est sourd, ça aide). Mais là n'est pas le problème.

 

Si inculte de son sort serait-il, n'a t-il pas, entre 2 spasmes de vie, l'intuition qu’il est, comme nous et la rose, bien peu de chose, c'est-à-dire de ces conditions vulnérables qui se doivent de se mettre à l'abri ?

 

L'atome de mécanisme psychique et relationnel du ver, revenons-y, ne nécessite aucune prise de précaution. Pas de mimétisme, s'il vous plaît. Il se passe de notre communication. Un langage manuel, ou corporel lui serait difficile à comprendre par pénurie de références.

Le ver manque de beaucoup de choses. Son utilité est donc d’autant plus estimable. 

La Nature en bonne reine, a la force de Sa pression. Il sent sans savoir qu'il est vain de changer et c'est balaise pour cause de défaut de matériel : il ne brille pas non plus par ses dons intellectuels.  

 

 

 

Une suggestion :

Ne pourrions-nous pas modérer le nombre croissant de nos incinérations pour le bien de l'Humanité ? Toutes les cendres ne sont pas bénéfiques à la terre loin de là. On fait des urnes actuellement, mais on nous rajoute des graines dessus avec pour projet que se dresse un arbre. C'est de la triche. Reconnaissons-le, on n'est pas terrible là-dessus. On se prend encore pour des souverains, un pied botté sur le cycle naturel.

Ne faudrait-il pas un temps pour tout, afin que justice existe ? Un signe de gratitude ?

Une loi prônant un droit intermittent (n'allons pas trop vite !) à défendre, au profit du ver ? Celui de lâcher l'hameçon et de s'en donner à coeur joie, par exemple ?

 

Vantons avec vigueur la valeur du ver et arrêtons de le voir en vaurien, se vautrant en vautour visqueux sans verve, au ventre de vaseline.

Préservons la vocation vitale du ver vendangeur victime de votre virulence.

 

 

 

A la tienne, le ver ! 

 

 

                                                                Corine

 

 

Ps : c'est une provocation gratuite et humoristique (dans l'idée !) : de nombreuses espèces se contentent de la terre et de morceaux de feuilles.

 

 

 



10/07/2019
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