Mi(s)ScellaneaCorine

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Contre la prolifération des cons

 

 

En tant qu'active résistante de la misanthropie qui me menace plusieurs fois l'an, j’affirme que nous sommes des êtres civilement indulgents.

 

Nous avons tous un, ou des cons bien à nous. Nous sommes nous-même hypothétiquement le con de quelqu’un (question de mauvais goût, ou de fautes de jugement, sans lesquels nous nagerions dans un bonheur excessif).Innocent

 

Archaïquement et expérimentalement, nous savons bien que si, tous, nous butions le con qui nous prend le chou, le monde ne serait qu’un cimetière. A ce propos, qui enterrerait le dernier con ? Ou les derniers (on ne peut exclure l'occurrence de tirs simultanés). Qui se chargerait de l'affaire ?

Les derniers cons ne sont pas plus coupables que leurs prédécesseurs, qu'ils soient les nôtres ou ceux des autres. Ce sont juste des retardataires. 

Mais nous n'en sommes pas là (nous verrons ça en fin de billet).

 

 

La dernière marque du genre humain que nous portons (Sapiens, our name is Sapiens, Homo Sapiens, ta da da dam ta dam dam dam ..) semble avoir pour but minimal d'être à sa hauteur : debout, à peu près grégaire, quoique devant compter avec un défaut primitif : la tentation de la querelle sans forcément d'objet. Semblables, mais différents, nous devons faire avec.

L’instinct affûté par notre mémoire et la routine empirique nous informent que si nous sommes présentement affublé d’un con, il y en aura d’autres pour nous prendre le chou. En tant qu'individus affables et civilisés, nous laissons notre chou dans sa feuille (un anti-migraineux à notre portée) et le con au chaud dans son intimité, en arrosant nos espoirs qu’un jour viendra où il nous sera infidèle et abandonnera notre chou pour un autre.

Généreux sommes-nous (certains legs se font sans douleur), mais également légers, malavisés parfois. Car c’est un combat aussi pénible que celui de la chasse aux moustiques l'été, mais si notre con existe, tentons de ne pas encourager son épaisse prolifération.  

 

Ne nous voilons pas la face, si les cons étaient déjà suspects de développer leur population, ils semblent le faire de plus en plus vite.

Une question climatique ? Une responsabilité de notre part ?

 

Il est impératif d'arrêter la culture et l'arrosage des cons quand on en voit poindre la tête. Ils sont résistants, leurs pépins sont dur à avaler, ne les laissons pas faire. 

Vous me rétorquerez que le con parle dans sa barbe, qu'on ne le reconnaît pas toujours. Bah, bah, bah. Le con est tout à fait audible dans ces poils figurés. Forcez votre attention (pas trop quand même) afin de lui répondre de façon adaptée et joviale si la force est avec vous. Ne malmenez pas vos résistances, ne les surestimez pas, soyez prudents.

Le con peut être grossier. La grossièreté engendre la grossièreté. Le coup est classique : il articule en vous fixant acrimonieusement, le doigt le plus long de sa main, en sus, fort impoliment dirigé vers le ciel (impie et inconvenant). Mieux encore s'il se sent protégé par la cuirasse d'une voiture. A défaut de courage, le con sait articuler et appuyer sur la pédale (réflexe naturel : en comptant bien qu'il vérifie son effet dans son rétro - ce qu'il manque rarement de faire - nous lui rendons la pareille. C'est pas beau, mais c'est lui qui a commencé).

 

 

Bilan personnel (il faut savoir s'examiner pour ne pas sombrer) : n'étant pas infailliblement à l’abri de la germination d'une graine, soyons loyaux, quand nous sentons en nous débuter l’infamie d’une pousse, forçons-nous à jeûner quelques heures. Elle s’éteindra sur l'anorexie spirituelle de ce qui l'alimente.

 

Enfin, tout est possible, si vous tenez impérieusement à pleurer, plutôt que le faire d'énervement, ou du chagrin des calomnies du con, faites poussez des oignons, c'est moins dangereux que d’arroser un con. Déshabillez-les, les oignons seront toujours ravis que vous vous mêliez de leurs affaires.

 

Mais prenons les obstacles un par un, positivement. L'ambition peut se nourrir de la stupide volonté de vaincre l'impossible. La réussite aussi. Après guerroiements sans pitié, ni oignons, la surpopulation des cons une fois tempérée, nous appellerons aux célébrations de cet exploit.

De nos forces libres, nous pourrions peut-être, peut-être, je dis bien peut-être, nous cotiser sans esprit de rancune, afin de faire de la tombe de l'ultime dignitaire d'une race vaincue (endémiquement du moins, on ne peut pas être partout) un monument commémoratif anonyme (après vérification scrupuleuse que les gènes de ses descendants, s'il en a, soient exempts de cette malfaçon) :

« Ici la tombe du con inconnu, dernier combattu ».

Ca a de la gueule. Epargnons ses enfants innocents de la honte, tout en conservant la fierté d'une victoire. 

Sans méconnaître le principe qu'une génération spontanée apparaîtra un jour sans racines, il faudra en attendant en profiter pour chanter. 

 

Halte à la prolifération.

Il fallait en parler, dans les règles de la pudeur et du conformisme que vous ne manquerez pas de goûter, j’espère.

Bon début de septembre.

 

                                                                Corine Caporlan

 

 

 

 



03/09/2019
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